Diagnostics cliniques et paracliniques de l’infection à VIH chez l’enfant
A- Circonstances de découverte d’une infection à VIH chez l’enfant
Les 3 principales circonstances de découverte de l’infection à VIH chez l’enfant sont :
- Lors du dépistage clinique avec la présence de signes cliniques évocateurs,
- Lors d’un dépistage familial,
– Au cours de la prévention de la transmission mère-enfant du VIH (PTME) en périnatal.
Cette session permettra de passer en revue chaque circonstance de découverte.
B- Signes cliniques de l’infection à VIH
1-Les signes d’appel du VIH chez l’enfant :
• Cassure de la courbe staturo-pondérale
- Mauvaise prise pondérale ;
- Mauvaise croissance
• Signes neurologiques
- Retard des acquisitions : ne s’assoit pas à 9 mois, ne marche pas à 18 mois ;
- Microcéphalie acquise ;
- Dyspraxie bucco-linguale : incoordination succion-déglutition.
• Infections
- Muguet étendu en dehors de la période néonatale ;
- Les otites suppurées chroniques qui se manifestent par un écoulement persistant de l’oreille sont fréquemment observées.
- Infections sévères répétées
Les infections observées chez les enfants infectés par le VIH se caractérisent par leur sévérité et leur caractère répétitif. Il peut s’agir d’infections bactériennes, virales ou parasitaires.
2- Autres signes de l’infection à VIH chez l’enfant
- Abcès multiples de la peau
Comme indiqué sur l’image ci-dessous, des abcès multiples et des cicatrices hyperchromiques sont constatés, chez un enfant qui présente un aspect de malnutrition avec des cheveux fins soyeux.
- Varicelle sévère
L’Image ci-contre est celle d’un enfant qui présente des lésions sévères de varicelle surinfectées disséminées au niveau du visage et du corps.
- Manifestations cutanées
Les manifestations cutanées les plus fréquemment rencontrées sont :
- La gale avec son caractère rebelle au traitement habituel ;
- Les lésions de molluscum contagiosum sont profuses ;
- Lésions de verrues
- Lésions papuleuses hypochromiques sur le cuir chevelu et le front. Les lésions de verrues planes siègent habituellement au niveau des zones découvertes.
- Les lésions ou cicatrices de zona : la distribution dermatologique typique de cette éruption est typique avec atteinte d’un ou plusieurs
L’éruption peut s’étaler plus loin que les limites du dermatome, être bilatérale ou généralisée.
- Les lésions de dermatite non spécifiques surinfectées disséminées sur tout le corps et des cicatrices
- La malnutrition
La malnutrition est un des signes majeurs de l’infection à VIH chez l’enfant avec une cassure de la courbe staturo-pondérale.
3 types de malnutrition sont distingués :
- La malnutrition chronique ou retard de croissance évaluée par l’indice Taille/ âge
- L’insuffisance pondérale évaluée par l’indice Poids/ âge
- La malnutrition aiguë modérée (MAM) ou sévère (MAS)
Pour chaque indice, des déviations standards permettent de définir le caractère modéré ou sévère de la malnutrition.
• Malnutrition aiguë modérée (MAM)
- Poids/Taille entre -3 et – 2 Z scores ;
- ou périmètre brachial entre 115 et 125 mm chez l’enfant de 6 à 59 mois ;
• Malnutrition aiguë sévère (MAS)
- indice Poids /Taille < -3 Z scores ;
- PB < 115 mm chez l’enfant de 6 à 59 mois ;
- et/ou la présence d’œdèmes bilatéraux ; Elle peut être avec ou sans
Autres signes de l’infection à VIH chez l’enfant et l’adolescent
- Parotidite chronique
Hypertrophie parotidienne bilatérale non douloureuse
La parotidite chez l’enfant infecté par le VIH se manifeste par un gonflement non douloureux, bilatéral, siégeant derrière les
oreilles. Elle est fréquemment retrouvée chez les adolescents infectés par le VIH.
Hypertrophie parotidienne bilatérale non douloureuse
- Pneumonie interstitielle lymphoïde (PIL)
C’est une Maladie inflammatoire chronique du poumon qui est souvent associée à une parotidite bilatérale ; elle est courante chez les grands enfants.
> Les différents signes cliniques sont :
- La toux chronique ;
- Les épisodes de détresse respiratoire ;
- La cyanose,
- L’hippocratisme digital,
- Un bon état général ;
- Et souvent associés à une parotidite bilatérale.
Signes cliniques et radiologiques associés à la PIL
Signes cliniques : Des doigts en forme de baguette de tambour sont observés ; c’est ce qui est
appelé hippocratisme digital, conséquence de l’hypoxie chronique retrouvée dans la pneumonie interstitielle lymphoïde (PIL).
Signes radiologiques : Des opacités réticulo- nodulaires et un élargissement du hile sont observés. Il faut noter que les signes radiologiques observés dans la PIL sont souvent confondus à ceux observés dans la tuberculose.
> Infections opportunistes chez l’enfant
Les deux infections opportunistes les plus fréquemment rencontrées sont :
- La tuberculose
- Candidose buccale et œsophagienne
• La tuberculose
La tuberculose présente des particularités chez l’enfant infecté par le VIH :
Tuberculose pulmonaire
- Les signes de tuberculose et ceux des autres maladies pulmonaires liées au VIH peuvent être difficiles à distinguer ;
- Les anomalies radiologiques sont peu spécifiques ;
- L’IDR à la tuberculine est souvent négative. Présentations extra-pulmonaires plus courantes
- Lymphadénite tuberculeuse ;
- Miliaire tuberculeuse ;
- Tuberculose péritonéale ;
- Méningite tuberculeuse ;
- Tuberculose uro-génitale.
• Candidose buccale et œsophagienne
La candidose est : o Soit buccale ;
o Soit œsophagienne se manifestant par des douleurs pharyngiennes et gênant l’alimentation. L’examen clinique retrouve des dépôts blanchâtres sur un fond inflammatoire.
Le diagnostic se fait par l’endoscopie digestive, à défaut, il faut faire un traitement présomptif devant un enfant qui a une odynophagie c’est-à-dire une déglutition douloureuse.
Sa prise en charge doit se faire correctement pour éviter la survenue d’une malnutrition.
Des dépôts blanchâtres sont notés sur la langue, le palais, les muqueuses buccales et le pharynx. Ces lésions présentes au niveau du pharynx feront penser à une extension vers l’œsophage.
Figure 18
C- Autres circonstances de découverte de l’infection à VIH
- Accidents exposant au sang ou aux autres liquides biologiques ;
- Abus
D- Stratégies pour le diagnostic biologique de l’infection à VIH en fonction de l’âge de l’enfant
- DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE DE L’INFECTION A VIH
Les tests biologiques de détection du VIH sont de 2 types ; le choix des tests dépendant de l’âge de l’enfant :
- Tests directs reposant sur la mise en évidence du génome viral par PCR chez l’enfant de moins de 18 mois ;
- Tests indirects, ou sérologiques, visant à détecter dans le sang les anticorps produits par le système immunitaire contre les antigènes du virus chez l’enfant plus de 18
Algorithme de dépistage du VIH au Sénégal : Cette figure décrit les stratégies de diagnostic du VIH de l’enfant selon les recommandations nationales.
2- Dépistage familial
Le Dépistage familial / Fratrie
Le dépistage des enfants vivant dans l’entourage d’une personne infectée doit être systématique. Pour cela il faudra attendre que le parent ait observé l’efficacité des ARV sur lui-même et/ou sur son enfant, puis lui proposer régulièrement d’amener ses autres enfants pour les dépister. Le dépistage par autotest peut être proposé dans ce cas si l’enfant a plus de 12 ans.
3- Dépistage de l’infection à VIH dans le cadre de la PTME
Le diagnostic précoce se fait :
- Entre 6 à 8 semaines chez tout enfant né de mère séropositive.
- Mais dans certaines situations une PCR sera immédiatement réalisée o À la naissance si l’enfant est né de mère :
- Dépistée tardivement en fin de grossesse, au cours de l’accouchement ou dans le post-partum immédiat ;
- Ou ayant une charge virale élevée au moment de l’accouchement.
- La PCR peut être répétée à 9 mois chez les enfants à haut risque de contamination lorsque la première PCR est négative et que la charge virale de la mère reste élevée alors qu’ils sont sous allaitement