GENERALITES SUR L’INFECTION A VIH
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Définitions : VIH, SIDA
1. Le VIH
Le VIH ou Virus de l’Immunodéficience humaine est un virus à ARN qui s’attaque au système de défense de l’organisme entrainant une immunodépression qui rend très vulnérable à certaines infections qualifiées d’opportunistes car ne survenant que sur terrain immunodéprimé.
2. Le SIDA
Le SIDA ou Syndrome d’Immunodéficience Acquise est l’état d’une personne dont le système de défense a été sérieusement affaibli par le VIH et qui de ce fait développe des maladies opportunistes qui sont les principales causes de morbidité et de mortalité. C’est le stade ultime de l’histoire naturelle de cette infection.
Historique
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Origine du VIH
Le VIH est le résultat de multiples transmissions du lentivirus du chimpanzé du sud du Cameroun à l’homme. Ces virus du singe auraient franchi la barrière d’espèce, par contact avec l’homme (lors de chasse, par des morsures, par des écorchures lors de dépeçage d’animaux ou lors de consommation de viandes de brousse mal cuites) survenu probablement dans les années 1920 selon certaines études (référence : Radio Canada).
Les bouleversements liés à l’instabilité sociopolitique, à l’urbanisation anarchique ont favorisé la diffusion de l’épidémie, aggravés par la mondialisation et le développement des moyens de transport terrestre , maritime et aérien.

Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) dérive du virus du singe le Simian Immunodéficience Virus (SIV) qui, après s’être adapté à l’homme, est devenu transmissible d’homme à homme entrainant une pandémie. A ce titre l’infection à VIH fait partie des maladies virales émergentes d’origine animale les plus importantes de ce dernier millénaire (anthropozoonose)
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Dates-clés
- 1920 : date probable du passage du SIV (Simian Immunodeficiency Virus) du singe à l’homme, chez lequel il se transforme en VIH.
- 1981 : première description du sida à San Francisco aux USA chez une population d’hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH) présentant une pneumocystose.
- 1983 : découverte du virus responsable du sida par une équipe de l’Institut Pasteur à Paris dirigée par le Pr F. Barré-Sinoussi et Pr L. Montagnier.
- 1984 : début de la polémique avec le Pr R. Gallo (USA) sur la « paternité » de la découverte du VIH.
- 1985 : début de la commercialisation des tests VIH.
- 1986 : identification d’un second type de VIH : le VIH-2 et mise à disposition du 1er traitement ARV, la zidovudine ou AZT.
- 1996 : mise à disposition des inhibiteurs de la protéase, qui vont révolutionner le pronostic et la prise en charge de l’infection à VIH dans le cadre des trithérapies (HAART).
- 1998 : Mise en place de l’Initiative d’accès aux ARV au Sénégal (ISAARV)
- 2015 : lancement de la stratégie Tester et Traiter
Epidémiologie
1. EPIDEMIOLOGIE DE L’INFECTION A VIH
Dans le monde, en 2020, sur les 37,7 millions de personnes vivant avec le VIH, 1.7 millions étaient des enfants de moins de 15 ans. La même année, il y avait 150.000 nouvelles infections et 95.000 décès liés au VIH dans ce groupe d’âge. Quatre-vingt- sept pour cent (87%) de ces décès et 34% de ces nouvelles infections pédiatriques ont été recensés en Afrique subsaharienne.
Au Sénégal, l’épidémiologie est de type concentré avec une prévalence basse de 0,5% dans la population générale.
La décentralisation a permis une augmentation significative du nombre de PVVIH sous traitement ARV. En 2020, sur les 30 464 PVVIH suivis, 1 453 (4,77%) ont moins de 15 ans. L’attrition chez les enfants est plus élevée avec un taux de perdus de vue de 5,9% et un taux de décès de 3,5%.
2. TRANSMISSION DU VIH
2.1. Conditions pour la transmission du VIH
La transmission nécessite la présence de cellules réceptrices dotées de récepteurs CD4 et de corécepteurs. Ces cellules sont les lymphocytes, les monocytes, les macrophages et les cellules dendritiques. Ces cellules sont retrouvées au niveau du rectum, du vagin, du sang circulant, de la verge et de la bouche, d’où les principales voies de transmission. Ainsi, le virus est présent dans les secrétions génitales masculines et féminines, dans le sang et fluides biologiques et dans le lait maternel.
2.2. Les Portes d’entrée du VIH
L’enfant peut être contaminé par le VIH par trois principaux modes :
- La transmission mère-enfant (pendant la grossesse, l’accouchement et l’allaitement maternel)
- La transmission sanguine (transfusions/nosocomiale) ;
- Transmission sexuelle (abus sexuels, sexualité précoce)
Figure 2 : Porte d’entrée du VIH
POINTS IMPORTANTS A RETENIR
- L’infection à VIH est une pandémie car elle n’épargne aucun continent. Cependant, le plus lourd tribut est supporté par l’Afrique au sud du Sahara qui supporte plus de 75% de la morbidité et de la mortalité
- Le Sénégal qui fait partie des pays les moins touchés a une épidémie de type concentré dans les populations les plus vulnérables que sont les populations clefs et les adolescents. Le VIH se transmet essentiellement par trois voies : sexuelle surtout (hétérosexuelle et homosexuelle) mais aussi sanguine et de la mère à l’enfant (transmission verticale)
Stratégie du « tester et traiter »
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Rationnel
La plupart des questions sur les stratégies d’utilisation des antirétroviraux chez l’enfant restent extrapolées de l’expérience adulte.
Trois études ont eu un impact décisif en montrant l’intérêt de la prise en charge précoce par les antirétroviraux aussi bien au plan individuel que collectif.
Il s’agit des études HPTN 052, START et TEMPRANO. En effet, l’administration précoce du traitement bloque l’évolution au niveau individuel mais aussi la transmission du VIH au partenaire en cas de charge virale indétectable.
Ce constat a justifié l’objectif ambitieux fixé par la communauté internationale qui est de mettre fin à l’épidémie du VIH comme problème de santé publique à l’horizon 2030 en passant par l’atteinte de la cible des trois 90 en 2020 qui consiste à dépister 90% des personnes infectées, traiter 90% des personnes positives et rendre la charge indétectable chez 90% des personnes traitées.
L’ONUSIDA a fixé de nouvelles cibles en 2021 avec les trois 95 d’ici 2025.
Le Sénégal à l’instar de la communauté internationale s’est engagé depuis 2016 à la mise en œuvre de la stratégie « tester et traiter » sous l’appellation TATARSEN (Test All, Treat All and Retain in Senegal) pour contribuer à l’atteinte des 90-90-90 en 2020 :
Test All : tester toutes les personnes infectées par le VIH
Treat All : mettre sous traitement toutes les personnes dépistées positives
Retain : retenir dans le circuit des soins les personnes vivant avec le VIH
Sen : au Sénégal
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Etat des lieux
En 2020, le nombre estimé d’enfants vivant avec le VIH au Sénégal (données du Spectrum) était de 2782. Le nombre d’enfants qui connaissent leur statut était de 1614, soit 58% ; celui des enfants ayant bénéficié un TARV était de 1452, soit une couverture en ARV de 52%. Enfin, le nombre d’enfants dont la charge virale est inférieure à 1000 copies/ml, parmi l’ensemble d’enfants infectés, était de 852, soit une suppression de la charge virale de 31%.
Par rapport aux objectifs du programme, d’atteindre 90% en 2020 pour le diagnostic, 81% pour la couverture en ARV et 73% pour la suppression de la charge virale, nous avons respectivement un gap de 32%, 29% et 42%.
Figure 5 : Cible des trois 90 chez les enfants
Figure 6 : Cascade de soins VIH, en valeur absolue et en pourcentage, en 2020 chez les enfants
Figure 7 : Cible des trois 90 dans la population générale
POINTS IMPORTANTS A RETENIR
- Le traitement précoce de l’infection à VIH basé sur la notion INDETECTABLE = NON TRANSMISSIBLE est une mesure curative mais aussi préventive pour mettre un terme à la transmission sexuelle du
- La cible des trois 95 signifie que 95% des personnes infectées doivent connaitre leur statut, 95% des personnes dépistées positives doivent être mis sous traitement ARV et 95% des personnes traitées doivent obtenir une charge virale indétectable preuve de l’arrêt de la transmission
- Au Sénégal les performances en matière de trois 90 sont bonnes chez les adultes mais encore très faibles chez les enfants
Physio-pathologie de l’infection à VIH
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Le virus
Le VIH est un Virus à ARN qui a un tropisme pour les récepteurs CD4 et qui se réplique grâce à ses 3 enzymes la transcriptase inverse, l’intégrase et la protéase.
Il existe 2 types de VIH :
- le VIH-1, de loin le plus répandu, présent dans le monde entier. Plus virulent et plus transmissible (par voie sexuelle, sanguine et de la mère à l’enfant), il est seul responsable de l’actuelle pandémie. Le VIH-1 est classé en quatre groupes depuis 2009
- Groupe M comme major
- Groupe O comme outlier
- Groupe N comme Non-M Non-O
- Groupe P
- le VIH-2, est essentiellement localisé en Afrique de l’Ouest. Il est caractérisé par une moindre transmissibilité, une durée d’incubation plus longue et une résistance naturelle à certains antirétroviraux notamment les analogues non nucléosidiques de la transcriptase inverse. Le VIH-2 est classé en 6 groupes A, B, C, D, E et H

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Structure et réplication du VIH
- Après sa pénétration dans les lymphocytes CD4, :
- La transcriptase inverse l’ARN viral en ADN proviral
- L’intégrase permet d’intégrer l’ADN proviral dans l’ADN des cellules infectées ;
- La protéase permet la formation des protéines virales qui vont être assemblées pour former de nouveaux virus.
- Le VIH provoque une infection avec trois particularités :
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- Infection dynamique liée à une réplication intense, ininterrompue qui finit par épuiser le système immunitaire dont la capacité de régénération est plus faible que la capacité de réplication du virus
- Infection liée à la persistance du virus en état latent dans des cellules T CD4 mémoires appelées sanctuaires qui explique pourquoi à l’arrêt d’un traitement efficace le virus recommence à se multiplier : il n’existe donc pas de traitement curatif pour le moment. Le traitement est à vie
- Infection lytique liée à la destruction massive des cellules infectées. La principale conséquence en est la destruction massive du système immunitaire, aboutissant à une immunodépression qui favorise l’apparition d’infections et d’affections opportunistes, dont la gravité est corrélée à la profondeur de l’immunodépression
Figure 4 : Cycle du VIH
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LES PRINCIPAUX MODES EVOLUTIFS DE L’INFECTION A VIH CHEZ L’ENFANT
En l’absence de traitements antirétroviraux, il existe 2 modes évolutifs principaux :
- Les progresseurs rapides, la contamination est in utero, ils développent avant 15 mois l’apparition précoce de symptômes en l’absence de traitement approprié : les infections opportunistes (15 à 20 % des enfants infectés) mais aussi retard psychomoteur, diarrhées à répétition, retard de croissance et survenue rapide d’un déficit immunitaire sévère, risque de mortalité élevée avant 3 ans ;
- Les progresseurs lents (contamination périnatale), environ 80 à 85 % des enfants infectés ont une forme évolutive lente comparable à l’adulte et peuvent rester asymptomatiques pendant plusieurs années et, avec un traitement antirétroviral approprié, ils peuvent survivre jusqu’à l’âge
POINTS IMPORTANTS A RETENIR
- Il existe deux types de virus (VIH-1 et VIH-2), mais le VIH-1 est plus transmissible car se répliquant beaucoup plus rapidement et est le seul responsable de la pandémie actuelle.
- Pour se répliquer le virus doit infecter des cellules cibles dont la particularité est de porter un récepteur CD4 et des corécepteurs indispensables à l’attachement et à l’introduction de son matériel génétique dans la cellule hôte. Ces cellules sont plus retrouvées au niveau de la muqueuse génitale, du rectum et du
- A ce niveau, le virus se réplique grâce à trois enzymes : la transcriptase inverse, l’intégrase et la protéase.
- Ainsi, la destruction des cellules immunocompétentes qu’elles entrainent est nettement plus rapide que la capacité de régénération du système immunitaire ce qui entraine une immunodépression qui se traduit par l’apparition d’infections opportunistes.
- L’infection à VIH chez l’enfant s’exprime à travers deux formes : les formes rapides de mauvais pronostic et les formes lentes comparables à celle de l’adulte.
- Les deux meilleurs marqueurs d’évolutivité de l’infection sont donc le taux de CD4 et la charge virale plasmatique.